Dans une période marquée par des arbitrages budgétaires de plus en plus serrés, l’abattement fiscal de 10 % accordé aux pensions de retraite pourrait être amené à disparaître. Ce dispositif, peu visible mais largement répandu, allège aujourd’hui la note fiscale de millions de foyers. Sa remise en cause suscite des interrogations légitimes : combien coûterait sa suppression à un couple de retraités ? À partir de quel niveau de revenus la facture grimperait-elle significativement ? Et surtout, quels profils seraient les plus touchés ? Analyse chiffrée et projections concrètes pour mieux comprendre les conséquences qu’aurait la suppression de l’abattement fiscal pour les retraités.
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Fonctionnement actuel de la réduction forfaitaire appliquée aux pensions
Alors que l’abattement fiscal est maintenu en 2025, la question se pose actuellement pour les années à venir.
Ce mécanisme vise à compenser certaines charges, bien que leur réalité soit discutable dans le cas des retraités. L’abattement est commun à l’ensemble du foyer et encadré par un plancher et un plafond.
Pour l’imposition des revenus de 2024, cet allègement fiscal varie entre 450 euros et 4 399 euros. Il s’applique automatiquement, sans condition de ressources ni formalités, et contribue à réduire la base imposable.
Ainsi, un retraité déclarant 30 000 euros de pensions est en réalité imposé sur 27 000 euros.
Incidence d’une suppression sur les foyers fiscaux
Une réforme consistant à abolir cet abattement bouleverserait le niveau d’imposition de nombreux retraités. Son impact dépendrait fortement du niveau de ressources du foyer, comme le montrent les simulations suivantes.
Aucun changement pour les foyers aux revenus modestes
Tant que les pensions ne dépassent pas certains seuils, l’effet de la réforme resterait nul. Les dispositifs existants (décote, seuils de non-imposition) continueraient à protéger les foyers les plus modestes :
- Un couple percevant 25 000 euros de pensions resterait non imposable
- Idem pour un couple avec 30 000 euros de retraites annuelles : la suppression de l’abattement ne déclencherait pas d’impôt
Premiers effets visibles dès 35 000 euros de revenus
Au-delà de 34 000 euros, la donne change et la fin de l’abattement ferait basculer plusieurs foyers actuellement exonérés dans le champ de l’imposition :
Montant annuel des pensions | Impôt avec abattement | Impôt sans abattement | Différence | Pourcentage des pensions |
---|---|---|---|---|
25 000 € | 0 € | 0 € | 0 € | 0 % |
30 000 € | 0 € | 0 € | 0 € | 0 % |
35 000 € | 0 € | 449 € | +449 € | 1,28 % |
40 000 € | 609 € | 1 248 € | +639 € | 3,12 % |
45 000 € | 1 125 € | 1 832 € | +707 € | 4,07 % |
50 000 € | 1 743 € | 2 476 € | +733 € | 4,95 % |
> 65 000 € (dont > 44 000 € de pensions) | 3 963 € | 5 283 € | +1 320 € | selon barème marginal |
Conséquences marquées pour les revenus plus élevés
Les foyers percevant des revenus globaux élevés, notamment ceux relevant de la tranche à 30 %, verraient leur imposition croître sensiblement.
Cela concerne principalement :
- Les couples ayant des pensions supérieures à 44 000 euros
- Les retraités disposant de revenus complémentaires imposés au barème
Pour ces profils, la fin de l’abattement représenterait une ponction fiscale de plus de 1 300 euros par an.
Une mesure ciblée, mais à fort potentiel de rendement fiscal
L’administration fiscale estime que cette suppression permettrait de récupérer près de 4 milliards d’euros chaque année.
Une manne non négligeable, susceptible d’intéresser Bercy, soucieux de redresser les finances publiques.
Mais les conséquences concrètes pour les foyers concernés alimentent le débat. La réforme, si elle devait se concrétiser, nécessiterait des arbitrages fins afin d’éviter une pression excessive sur les classes moyennes retraitées.