Les écarts salariaux entre hommes et femmes sont régulièrement mis en lumière. Pourtant, une autre inégalité, plus discrète mais tout aussi significative, subsiste : celle des pensions de retraite. Aujourd’hui, une femme retraitée perçoit en moyenne une pension inférieure de 38 % à celle d’un homme. Cette disparité ne s’explique pas uniquement par des rémunérations moindres au cours de la vie active. Elle résulte également de différences structurelles dans les carrières professionnelles, des interruptions subies et d’un système de calcul qui pénalise les parcours moins linéaires.
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Un cadre défavorable aux carrières morcelées
L’un des principaux facteurs expliquant cette inégalité tient à la structure même des carrières professionnelles.
Une majorité des femmes actuellement à la retraite n’a pas validé tous les trimestres requis pour bénéficier d’une pension complète.
Ce phénomène s’explique par une participation accrue des femmes aux emplois à temps partiel, aux contrats précaires ou aux interruptions d’activité, souvent en raison de responsabilités familiales.
Le système français de retraite repose sur un principe d’accumulation des droits tout au long de la carrière.
Toute période de travail non déclarée, de chômage non indemnisé ou d’inactivité se traduit par un déficit de trimestres validés, entraînant une réduction significative du montant des pensions.
Les générations les plus récentes, ayant des carrières plus stables et continues, réduisent progressivement cet écart, mais la tendance demeure marquée.
En raison des inégalités qui marquent leur parcours professionnel, de nombreuses femmes perçoivent une retraite inférieure au seuil de pauvreté.
Une perte considérable liée aux trimestres manquants
Les trimestres non cotisés ont un impact direct sur le montant des pensions. Une carrière incomplète se traduit par une minoration, voire une décote, du montant final perçu.
À titre d’exemple, une femme qui part à la retraite avec cinq années de cotisation en moins peut subir une perte pouvant atteindre 240 000 euros sur l’ensemble de son espérance de vie, si l’on considère une pension de 3 000 euros mensuels.
Voici un tableau qui reprend les décotes selon le nombre d’années :
Nombre d’années manquantes | Pension mensuelle avant décote | Pension mensuelle après décote | Perte totale sur 20 ans |
---|---|---|---|
1 an | 3 000 € | 2 850 € | 36 000 € |
3 ans | 3 000 € | 2 550 € | 108 000 € |
5 ans | 3 000 € | 2 250 € | 180 000 € |
7 ans | 3 000 € | 1 950 € | 252 000 € |
Des points de vigilance à ne pas négliger
Tout au long de la carrière, plusieurs éléments peuvent influencer négativement le montant final de la pension. Il est donc indispensable de prêter attention aux aspects suivants :
- Le travail non déclaré : même à temps partiel, une activité déclarée permet de valider des trimestres. 7 200 euros de salaire annuel suffisent à en valider quatre
- Le temps partiel : un salaire réduit entraîne une baisse du salaire de référence pris en compte pour le calcul de la retraite de base
- Les congés parentaux : bien que certains soient compensés, ils peuvent générer des périodes sans validation de trimestres
- Les activités ponctuelles : elles peuvent être oubliées sur les relevés de carrière et réduire les droits à la retraite
Nombreuses sont les femmes qui constatent tardivement ces lacunes, avec des répercussions importantes sur leur pension.
Anticiper pour réduire l’écart
Une retraite plus avantageuse se construit bien avant la fin de carrière. Pour limiter l’impact des inégalités, quelques précautions peuvent être prises :
- Consulter régulièrement son relevé de carrière et signaler toute anomalie
- Valider autant de trimestres que possible, notamment en exerçant une activité indépendante même à faible revenu
- Examiner les dispositifs de rachat de trimestres, en particulier pour compenser des périodes de formation ou d’activité à l’étranger
- Évaluer les conséquences des choix familiaux sur la retraite, notamment le passage au temps partiel ou la prise d’un congé parental
Chaque année de cotisation compte. Se préoccuper de sa retraite dès les premières années de carrière permet d’éviter des déconvenues lorsque l’heure de la liquidation des droits arrive.