Longtemps dans le viseur de certains acteurs économiques, l’abattement forfaitaire de 10 % sur les pensions de retraite survivra finalement à l’exercice budgétaire 2025. Ni abrogé ni réduit, ce mécanisme d’atténuation fiscale fait l’objet d’une revalorisation, suivant la grille progressive de l’impôt sur le revenu. Une décision qui écarte, pour l’instant, une hausse généralisée de l’imposition sur les retraites. La mesure, instaurée à la fin des années 1970, continue d’alléger la facture fiscale de millions de foyers retraités. Mais sa pérennité reste incertaine, dans un contexte de finances publiques dégradées et de tensions récurrentes autour de la soutenabilité du système. La question de son maintien à moyen terme demeure entière. Nous faisons un point complet sur le maintien de l’abattement fiscal pour les retraités.
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L’avantage fiscal spécifique aux pensions de retraite est prolongé
Mis en place en 1978, cet abattement de 10 % n’a jamais été conçu comme une déduction pour charges professionnelles (les retraités n’en supportant pas) mais comme une compensation pour l’impossibilité de réduire artificiellement leurs revenus, contrairement à d’autres contribuables.
Il a été conservé après plusieurs réformes, notamment pour neutraliser des modifications du calcul de l’impôt sur le revenu.
En 2023, le Medef et le Conseil d’orientation des retraites (COR) ont proposé sa suppression, estimant qu’elle pourrait générer jusqu’à 4 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires. L’idée n’a pas été retenue dans la loi de finances pour 2025.
Le dispositif d’un abattement automatique pour les seniors est donc maintenu, avec une revalorisation automatique.
Revalorisation de l’abattement en 2025
Conformément à la règle, le montant de l’abattement est révisé chaque année dans la même proportion que les tranches du barème progressif de l’impôt. Pour 2025, l’augmentation s’élève à 1,8 %.
Voici des exemples de montants d’abattements :
Situation fiscale du retraité ou du foyer | Montant de l’abattement applicable |
---|---|
Retraité percevant moins de 4 420 € | Abattement minimum : 442 € |
Pensions annuelles entre 4 420 € et 43 210 € | Abattement de 10 % des pensions |
Foyer déclarant plus de 43 210 € | Abattement plafonné à 4 321 € |
L’abattement est appliqué automatiquement sur la base des informations saisies dans la rubrique « Pensions, retraites, rentes » de la déclaration de revenus n° 2042.
Impact différencié selon les profils fiscaux
Le plafond étant identique quelle que soit la situation familiale, les retraités célibataires y trouvent souvent un avantage supérieur. De même, les foyers soumis à un taux marginal élevé bénéficient d’un allègement plus important.
Par exemple : un retraité célibataire déclarant 40 000 € de pensions bénéficie d’un abattement de 4 000 €, soit une baisse d’impôt de 1 200 € avec un taux de 30 %. Pour un couple percevant le même montant global avec un taux à 11 %, la réduction d’impôt atteint seulement 440 €.
Sont également concernés par cet abattement :
- les pensions d’invalidité et les rentes viagères à titre gratuit
- les pensions alimentaires imposables et les prestations compensatoires en rente
Vers une remise en cause partielle ?
Si la suppression pure et simple de l’abattement semble improbable tant elle alourdirait brutalement la fiscalité des retraités modestes.
Une limitation progressive de son plafond reste une piste évoquée. Une réduction ciblée permettrait de préserver les retraités aux revenus faibles tout en majorant l’imposition des foyers plus aisés.
Exemple d’ajustement envisagé :
- abaissement du plafond de 4 321 € à 3 000 €
- seul impact sur les pensions supérieures à 30 000 €
- taxation intégrale de la fraction de revenus comprise entre 30 000 € et 43 210 €
Dans ce scénario, l’imposition supplémentaire pourrait atteindre 594 € pour un foyer fiscal taxé à 45 %.
Ce type de réforme viserait principalement les classes moyennes, souvent les plus exposées à ce genre de réajustement fiscal.